Interview : Olympe de Gouges
[Travail réalisé dans le cadre de l’option renforcement Histoire 5ème encadrée par M. Campolini.]
Nos droits, nos choix. Le féminisme du 21ème siècle.
Chères lectrices, chers lecteurs nous avons décidé qu’aujourd’hui les femmes seront mis à l’honneur. Nous nous retrouvons en présence de la célèbre figure féministe qui s’est affirmée durant la Révolution Française, revendiquant la liberté de la femme. C’est une écrivaine au parcours politique littéraire mais c’est aussi une grande dramaturge, journaliste, ainsi qu’une femme de philosophie.
Bonjour Olympe de Gouges, comment allez vous aujourd’hui ?
Je vais très bien et vous même ?
Très bien, merci. Tout d’abord il y a une question que beaucoup se posent et à laquelle j’aimerais à présent entendre votre réponse. Votre mari s’appelait Louis-Yves Aubry n’est-ce pas ?
Oui tout à fait
Dans ce cas là, pourquoi Olympe de Gouge et pas Marie veuve Aubry étant donné que votre mari est décédé ?
Je voulais tout simplement créer ma propre identité. Une femme de nos jours n’a-t-elle pas le droit de garder son nom de jeune fille ? Où encore pourquoi les hommes eux ne prennent-ils pas le nom de leurs femmes ? En plus, de nos jours garder son nom est à la mode, n’est ce pas ? Les codes changent enfin !
Mais sachant que vous avez été mariée, croyez-vous au mariage ?
Non, mon précédent mariage était un mariage de raison. Néanmoins, j’ai un compagnon, Jacques Biétrix de Rozières, qui m’a demandé en mariage et j’ai refusé ! Comprenez-moi bien : je me devais de conserver ma liberté de publication car si j’étais mariée, la loi française m’interdisait de publier un ouvrage sans le consentement de mon mari. Pour moi le mariage est le tombeau de l’amour.
À propos de vos publications, comme nous le savons tous, vous êtes une femme de lettre qui a rédigé le célèbre écrit politique la « Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne ». Quel impact pensez-vous que cet écrit aura sur notre société ?
La déclaration présente aujourd’hui dans la loi, met en avant les droit de l’Homme en disant, je cite : »La déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen ». Mais où est la femme ? Où se situe la femme dans cette déclaration ? Nous nous le demandons toutes. Alors, oui, j’ai rédigé cet écrit pour mettre en avant cette inégalité qui laisse la femme dans l’ignorance, cela n’inclut pas les femmes dans le projet de liberté et d’égalité. Le droit de vote, le travail, le divorce, la femme à la maison, dans la cuisine. Quand serons nous à même égalité, quand ces préjugés qui dominent le monde disparaîtront ? Je considère que les femmes sont toutes aussi capables d’assumer des tâches traditionnelles confiées aux hommes. J’affirme dans le premier article de ma déclaration que « la Femme naît et demeure égale à l’homme en droits » ce que je pense formellement.
« La femme naît libre et demeure égale à l’homme.»
Vous avez également écrit une pièce qui s’intitule « L’esclavage des Noirs« , connue également sous le nom de « Zamore et Mirza » qui est considérée comme une de vos œuvres théâtrales les plus connues. Malheureusement nous n’avons pas tous eu la chance d’aller la voir car elle n’a pas été pas jouée longtemps sur nos scènes. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?
Alors pour faire court, c’est un drame écrit en trois actes. Mes deux personnages principaux Zamore et Mirza – deux esclaves ayant la couleur de peau foncée – échappent à une peine injuste et trouvent refuge sur une île. Sur cette dernière, un navire s’échouera sur la côte avec comme passager. Sophie et son mari Valère. Ces deux rescapés vont se prendre d’amitié pour nos jeunes esclaves et vont tout tenter pour qu’ils soient épargnés par le gouverneur de leur colonie. C’est une des premières pièces à aborder ce sujet qui, je le sais, est plutôt délicat. Néanmoins, avec toutes les colonisations subies par les personnes de couleur, il me semblait normal de dénoncer les conditions de vie des esclaves dans les colonies. De plus, bien qu’il y ait eu de fortes oppositions à ma pièce et que j’ai dû la corriger, je veux dénoncer l’esclavagisme car cela n’a plus d’intérêt à l’époque actuelle si ce n’est la violence des colons envers leurs esclaves ou inversement.
Vous avez en effet eu de nombreuses difficultés avec cette pièce compte tenu du fait que vous ayez du la corriger à de multiples reprises. Comment avez-vous ressenti cette obligation de devoir modifier votre œuvre ?
C’est très difficile à digérer car imaginez la situation : vous créez une œuvre qui vous prend un temps fou et, du jour au lendemain, vous êtes dans l’obligation de la changer au complet. Je dois tout de même vous avouer que oui, ma pièce n’était pas assez consensuelle mais est-ce une raison pour devoir la changer ? Je pense que chacun a le droit d’écrire ce qu’il veut et de le partager avec qui il le souhaite.
« Au delà de l’égalité homme- femme. »
Mais il n’y a pas que cette pièce car nous avons récemment appris qu’une pièce a propos de la même thématique ne fut pas acceptée par le théâtre. Elle s’intitulait « Le marché des Noirs« . Qu’en pensez-vous ? D’après vous était-ce une erreur de la refuser ?
Au delà de l’égalité homme-femme il est important de souligner l’égalité de la couleur. Pour moi, le théâtre français a fait une grosse erreur en refusant ma pièce. Celle-ci aurait pu changer la mentalité de certaines personnes.
Donc vous défendez la cause des Noirs encore plus que le féminisme ?
Mais bien sûr ! Il est évident que de nos jours les mentalités doivent changer.
Certaines personnes vous identifient comme étant une anti-révolutionnaire. Comment vous décririez vous ?
Alors anti-révolutionnaire n’est pas le mot juste, ce n’est pas du tout mon but. Défendre une cause ne doit pas pour autant être qualifié d’anti-révolutionnaire. Je ne suis pas contre le système, j’éprouve juste des idées différentes et moins banales que celles de tous les jours, que je me dois de développer et de partager. Le mot plus adéquat pour définir mes actions seraient plutôt idéaliste, la génie incomprise. On pourrait me considérer comme une Lumière du XXIe siècle, cela jouerait plus en ma faveur qu’une anti-révolutionnaire. Maintenant oui, je dois vous avouer que certaines de mes idées se rapprochent de la facette anti-révolutionnaire mais le suis-je pour autant ?
Peut-être auriez-vous un dernier mot a dire avant de nous quitter ?
Tout ce que je désire c’est l’égalité, la liberté de chaque individu.
Nous vous remercions, madame de Gouge, de nous avoir fait l’honneur d’être parmi nous aujourd’hui, nous vous en sommes très reconnaissants et je pense que ce sera aussi le cas de nos chères lectrices et chers lecteurs.
Audrey et Lou
Biographie :
RENÉ TARIN., L’esclavage des noirs, ou la mauvaise conscience d’Olympe de Gouges, dans La recherche d’aujourd’hui, 1998, n°30, p. 373-381.
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CHARLOTTE DENOËL., Olympe de Gouges, L’histoire par l’image, https://histoire- image.org/fr/etudes/olympe-gouges , 04 octobre 2021.
SOPHIE MUSE., Olympe de Gouges, révolutionnaire humaniste, L’histoire par les femmes, https://histoireparlesfemmes.com/2012/12/09/olympe-de-gouges-revolutionnaire- humaniste/ , 18 octobre 2021.
STEPHANE BRAUNSCHWEIG., Décembre 1789, Olympe de Gouges impose la question de l’esclavage au théâtre de la nation, https://www.theatre-odeon.eu/fr/decembre-1789-olympe- de-gouges-impose-la-question-de-lesclavage-au-theatre-de-la-nation , 25 octobre 2021.
LAURENT JOFFRIN., Les femmes de la liberté (3/7) Olympe de Gouges, l’insoumise à mort, https://www.liberation.fr/livres/2019/07/26/olympe-de-gouges-l-insoumise-a- mort_1742297/ , 25 novembre 2021.
OLYMPE DE GOUGE ET PRÉSENTATION DE SOPHIE MOUSSET., Zamore et Mirza ou l’esclavage des noirs , Librio, 2007.
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SMARTBOY10 (pseudonyme) ., L’anti-racisme : un mouvement mondial, https:// www.franceinter.fr/emissions/l-actu-de-la-semaine-avec-courrier-international/l-actu-de-la- semaine-avec-courrier-international-04-juillet-2020 , 14 novembre 2021.
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INCONNU., feminist symbol art print by Goodbar dolly, https://pin.it/6eWBIUh , 14 novembre 2021.