L’alcool et les jeunes

L’alcool est aujourd’hui légalement et socialement accepté, mais il n’est pas inoffensif pour autant. Nous avons tendance à l’oublier parce qu’il est très présent dans notre société. La Belgique est un pays où la bière est un trésor national mais l’alcool est une drogue. Dès 3 ans, un enfant sait que quand il y a une fête, il y a de l’alcool. Ceci dit, les jeunes de notre génération sont généralement plus au courant des dangers de la boisson et donc plus conscients dans leur consommation que ceux des générations précédentes. 

On observe également que l’alcool et ses méfaits sont des sujets de moins en moins tabou. Certains étudiants lancent même des projets comme l’action H2O qui a pris sa source dans la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, il y a 3 ans. Elle consiste à distribuer de l’eau gratuite aux étudiants pendant les évènements ou sur les campus pour « couper leur alcool ». Aujourd’hui, on met moins de pression sur le fait de boire ou de ne pas/peu boire. 

Le  nombre de personnes ayant des problèmes avec l’alcool est en baisse depuis 40 ans. Par contre, l’âge moyen auquel le jeune belge prend son premier verre ne cesse  de reculer, nous sommes actuellement aux alentours de 12-14 ans. Dans notre société l’alcool est un moyen créé du tissu social mais c’est une chose qui évolue et les jeunes créent d’autre type de cercles au sein desquels on assume de ne pas boire ou qui sont des mouvements militants pour le climat, le féminisme ou les droits sociaux, une nouvelle façon de créer du tissu social. 

Les organisations de la santé ont compris que des affiches publicitaires avec un slogan moralisateur, ça ne fonctionne pas. Il faut sortir de la vision stéréotypée ; boire c’est mal, ne pas boire c’est ennuyeux. Le meilleur moyen de sensibiliser les jeunes, c’est de les impliquer dans les actions de prévention. Il ne faut pas arrêter de faire la fête, il suffit de la faire intelligemment (alterner avec des softs, se raccompagner entre amis, ne pas boire sans avoir mangé avant, prendre un verre d’eau entre deux verres d’alcool, ne pas enchaîner plusieurs soirées dans la même semaine).

 On ne boit pas de l’alcool que pour son goût car il y a aussi un effet, lorsque l’on a bu, on se sent plus détendu, plus joyeux,…  En fonction des consommateurs, l’alcool peut avoir des utilités différentes : 48% affirment y voir un lubrifiant social*, 28% boivent dans le but d’être bourré/ivre, 27% aiment ça pour le goût, 15% disent boire pour oublier leurs problèmes et 8% pour faire comme tout le monde. Si l’on boit juste parce que l’on sort, il est peut-être temps de se remettre en question. 

Les hommes, consommateurs traditionnels, boivent de moins en moins. L’industrie cherche donc à séduire des nouvelles cibles : les jeunes et les femmes. Pour toucher un jeune public féminin, les entreprises mettent en place des produits plus colorés, plus sucrés, plus fruités et bon-marché (certaines bières sont parfois moins chère que l’eau en bouteille !). Des boissons composées de mélanges d’alcool fort et de soda sont mises sur le marché ainsi que des vins, rosés ou crémants fruités tel qu’un vin blanc à la pêche ou un rosé au pamplemousse avec des étiquettes très girly. L’industrie enrobe ses produits d’un habillage pseudo sain car compter sur le sucre n’est plus possible. Elle les présente comme « peu caloriques », « véganes » ou comme des « eaux pétillantes alcoolisées ».


Les promotions intéressantes ont d’ailleurs tendance à avoir lieu pendant les périodes suivant les examens ou pendant les camps scouts. L’impact de la publicité est plus important sur le cerveau des jeunes que celui des adultes, celui-ci étant plus influençable tant qu’il n’a pas atteint sa majorité. Effectivement, les boissons alcoolisées sont plus nocives pour la santé des jeunes que pour celle des adultes, leur cerveau étant en pleine croissance, il va subir des effets plus puissant, plus conséquent et plus durable. Le cerveau humain continue de se développer jusqu’à l’âge de plus ou moins vingt-cinq ans. Il est d’ailleurs interdit de vendre, d’offrir ou de servir de l’alcool à toute personne âgée de moins de 16 ans. Par contre, on commence généralement à en boire au sein de la famille ce qui sait être aussi positif que négatif. Il est plus recommandé de boire moins de manière régulière que de boire beaucoup rarement. Boire est une chose qui s’apprend, comme pour toutes les drogues, la première fois que l’on en prend, ça n’a pas vraiment bon goût (à part pour les mélanges plus fruités). On a longtemps sous-estimé les conséquences de l’alcool sur nos capacités intellectuelles, mais on sait maintenant que les effets secondaires font rapidement leur apparition, tout comme les addictions, et qu’ils endommagent la concentration et la mémoire. 

Il ne faut pas condamner l’alcool mais tout ce qui incite à sa surconsommation. Notre pays n’a pas de loi qui encadre les publicités sur le sujet, ce qui n’est pas le cas de la France. 

 

Elise

*lubrifiant social : substance qui permet de tisser des liens sociaux.

*binge drinking : fait de trop boire, de se saouler.

 

Sources :

-journal « en marche », septembre 2023, Bruxelles

Risques de l’alcool chez les jeunes (aide-alcool.be)

L’Essentiel sur… les jeunes et l’alcool | MILDECA (drogues.gouv.fr)

Les jeunes et l’alcool (aide-alcool.be)

Les jeunes et l’alcool : quels sont les risques et comment les éviter ? – Sante-pratique-paris