Réquisitoire : L’hypocrisie des COP
En tant que personne engagée pour le climat, on peut se dire que je soutiendrais l’initiative des COP mais la vérité est que les conférences des parties ne sont qu’un symbole de plus de l’inefficacité des négociations climatiques et de l’inaction des chefs d’états face aux changements climatiques, qui ne sont plus un risque à l’horizon mais bien un fléau qui impacte dès à présent l’humanité dans son ensemble.
Les COP sont gérées par l’ONU (Organisation des Nations Unies) et accueillent les négociations climatiques entre tous les pays membres, pour leur permettre de trouver des accords pour lutter contre le réchauffement climatique. La première a eu lieu en 1995 à Berlin. A ce moment-là, elle fixe pour chaque pays des limitations et objectifs en matière de gaz à effet de serre. Il faudra attendre la COP3 (1997) pour que les choses commencent à bouger avec la création du protocole de Kyoto, visant à mettre en place des mesures contraignantes comme une baisse de 8% des émissions de CO2 de l’Union Européenne. Mais ce protocole ne sera adopté que huit ans plus tard lors de la COP11 (2005), nécessitant un minimum de 55 pays signant le traité. Ni la Chine ni les Etats Unis, qui sont pourtant les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre, ne signeront ce protocole. La seconde « avancée » notable des COP aura lieu en 2015 pendant la COP21, à la création des « Accords de Paris », sorte de prolongement au protocole de Kyoto. Ces accords comprennent certains piliers comme le réchauffement climatique et les émissions de CO2, eux-mêmes déclinés en une multitude de sous-objectifs.
Mais même si c’est une bonne chose d’avoir des objectifs, le problème des accords de Paris est qu’ils en comptent trop. Une tonne de promesses qui empêchent d’agir intelligemment et d’établir des priorités, tout ça pour des résultats médiocres.
On peut en avoir la preuve cette année avec la COP27. Alors que les discussions devaient se concentrer sur les émissions de gaz à effet de serre, nous avons quand même eu droit, après des négociations supplémentaires de 37 heures, à la création d’un fond dédié à la réparation des pertes et dommages subis par les pays du sud. Ces mêmes dégâts qui sont causés par le réchauffement climatique, lui-même causé en grande partie par les gaz à effet de serre. Ce qui prouve encore une fois que les parties préfèrent essayer de réparer les dégâts que de s’attaquer à la source du problème. Les pays du sud peuvent donc remercier les parties pour ce fond généreux, que nous leur devons totalement car pendant que les pays plus au nord enregistrent des records d’émissions de CO2, ce sont les pays du sud qui en subissent les conséquences.
Il est vrai que voir dans les journaux que les grandes puissances mondiales investissent des millions pour les pays du sud, ça fait bien, ça donne une bonne image. Mais est-ce réellement ce que nous pouvons faire de mieux ? N’y aurait-il pas d’autres utilisations à tout cet argent ? Commençons donc à réfléchir au lieu de se disperser.
C’est ce qu’a fait l’Institut environnemental de Copenhague. Dans un article, un statisticien de cet institut propose de d’abord se concentrer sur les problèmes « humains ». L’avantage, c’est que ce sont des investissements dont on verrait immédiatement les bénéfices. Par exemple, nous pourrions investir dans les grossesses car quand les mères sont sous-alimentées, les enfants ont beaucoup plus de chances de naître avec des points de QI en moins. Et quand je dis « investir » on parle ici de deux euros par grossesse pour un accès à des vitamines et permettre le bon développement du bébé. Cela permettrait d’avoir des enfants, et donc des adultes, plus productifs ce qui serait plus qu’une bonne chose pour les pays touchés par la famine.
Il y a de nombreux autres domaines où de petits investissements pourraient être bénéfiques et apporter un changement visible. Notre focalisation excessive sur certains problèmes et notre attention dispersée par rapport au reste signifient que nous délaissons des populations qui auraient pu être efficacement sorties de leur terrible pauvreté.
Parce que se préoccuper du climat, c’est un truc de pays riches. Ceux qui vivent dans les pays les plus pauvres ont d’autres priorités telles que la faim, la pauvreté, les maladies, trouver du travail,… bien avant la protection du climat. Alors en réglant d’abord les problèmes « humains », que nous sommes à même de mieux comprendre et de plus facilement résoudre, nous pourrions créer un futur dans lequel les accords climatiques seraient réellement réfléchis par l’ensemble des pays et pour l’ensemble des pays. C’est exactement ce qui se passe lorsque la pauvreté est réduite et que la scolarisation est assurée: les personnes qui n’ont plus besoin de s’inquiéter de leurs enfants affamés peuvent se tourner vers des luxes tels que les actions environnementales.
Alors bien sûr, j’aurais pu trouver beaucoup plus évident comme le fait que les pays les plus développés le sont grâce aux énergies fossiles et que ces mêmes pays blâment les pays en voie de développement quand ceux-ci font la même chose ou encore le seul fait que chaque chef d’État arrive dans son jet privé en consommant au passage des milliers de litres d’essence. Je pense donc que l’action climatique a encore du chemin à faire pour nous apporter des résultats satisfaisants par rapport à ce dont nous avons réellement besoin.
Maëlle
Bibliographie :
- LOMBORG B., COP27 : A parade of climate hypocrisy, dans Forbes, adresse URL : COP27: A Parade Of Climate Hypocrisy (forbes.com) (page consultée le 05 février 2023)
- LOMBORG B. et PETERSON J., Leaders try to fix every problem — like poverty and education — but end up getting nothing done, dans New York Post, adresse URL : Leaders try to fix every problem — like poverty and education — but end up getting nothing done (nypost.com) (page consultée le 05 février 2023)
- CHAUVEAU L., COP27 : pourquoi le bilan est mitigé, dans Sciences et Avenir, adresse URL : Le bilan mitigé de la COP27 – Sciences et Avenir (page consultée le 05 février 2023)